L’écologie constitue à la fois une perspective de recherche, qui recouvre différentes approches théoriques et méthodologiques (comme en témoignent les notions de métabolisme, d’écosystème...), et un enjeu politique majeur des sociétés contemporaines.
Comme perspective de recherche, l’écologie invite à considérer les relations entre les dimensions physiques et sociales des environnements : elle s’intéresse aux différents éléments, ressources ou matériaux qui composent un milieu, autant qu’aux relations que les acteurs qui habitent ces milieux entretiennent avec ces derniers. Si la transition écologique des sociétés urbaines représente aujourd’hui un enjeu politique fondamental, cette perspective souligne la nécessité de prendre en compte l’interdépendance entre ces dimensions constitutives des environnements : la défense du milieu de vie au sens écologique et la reconstitution d’un monde vécu se conditionnent et se soutiennent l’un l’autre. (André Gorz, 1992).
Comment dès lors cette perspective peut-elle informer l’action publique et guider une politique de transition - a fortiori dans le contexte de Bruxelles et de son développement urbain ?
Dans la continuité du cycle Urban Ecology du Metrolab, ce webinaire visera à mieux comprendre les relations entre différents éléments qui composent les environnements urbains, et les pratiques et engagements des acteurs à leur égard.
Penser les éléments urbains en arrière-plan ou comme points de départ pour lire de nouveaux schémas de relations, permet de déconstruire, décomposer, simplifier et réinterpréter ces éléments qui deviennent aujourd'hui les protagonistes d'écologies en constante évolution: eau, matière organique, sol, espaces publics, mobilité et bâti.
Chaque séance abordera ces écologies à partir d’une entrée par un élément fondamental des environnements urbains et adressera les questions suivantes :
- Quelles interactions et interdépendances peut-on observer entre ces éléments, et les pratiques des acteurs ? Quelles formes d’engagement développent-ils à leur égard?
- Comment les acteurs s’approprient-ils ces éléments, matériaux et ressources qui constituent leur environnement ?
- Comment la prise en compte de ces relations entre acteurs et éléments urbains invite-t-elle à questionner l’action publique, et à informer une politique de transition ?
Pour aborder ces questions tout en renforçant les synergies entre recherches et politiques urbaines à Bruxelles, des recherches appliquées menées actuellement sur les enjeux écologiques au sein du Metrolab et des centres de recherche associés seront présentées lors des différentes séances de ce cycle de séminaire, et discutées par des chercheurs et des praticiens bruxellois travaillant autour des enjeux d’écologie politique.
Les séances seront organisées en ligne les jeudis après-midi de 14:30 à 16:30.
Organisateurs: Louise Carlier, Chiara Cavalieri, Geoffrey Grulois, Claire Pelgrims
Programme des séances
11 Mars
Séance #1 : Le déchet (organique).
Intervenant : Simon De Muynck (Centre d’Ecologie Urbaine et ULB). Les enjeux politiques d'une recherche-action participative sur la gestion des matières organiques.
Intervenant : Andrea Bortolotti (Metrolab Brussels et ULB) Poor neighborhood, poor service: un diagnostic du problème de déchet à Cureghem.
Le déchet urbain constitue un objet politique et politisé. Que sa gestion soit reprise par les corps techniques de la ville et routinisée ou qu’elle soit déléguée et négociée par d’autres acteurs économiques et sociaux, le déchet (sa production et son accumulation) ne cesse de susciter indignation, curiosité, intérêt. Sa gestion fortement technocratique (cloisonnée), telle qu’elle est à l’oeuvre dans certains contextes, est aujourd’hui de plus en plus questionnée par plusieurs champs de recherche et d’action. En s’appuyant sur deux expériences de recherche – une d’analyse urbaine et l’autre de recherche-action participative – les deux interventions apportent un éclairage autour de certains conflits, dysfonctionnements, et enjeux de la gestion quotidienne des déchets à Bruxelles.
25 Mars
Séance #2 : L’espace public.
Intervenante : Louise Carlier (Metrolab Brussels, UCLouvain et ULB) Quelques apports de l’écologie humaine.
Intervenant : Marco Ranzato (Metrolab Brussels, ULB et Université Roma Tre) Croiser les attentes de l'humain et du non-humain : tentatives.
L’écologie est un terme qui recouvre une pluralité de paradigmes et de perspectives; en urbanisme, elle renvoie principalement aux notions d’écosystème, et à l’étude d’environnements saisis par leurs composants naturels et physiques. Les environnements urbains sont pourtant aussi des milieux de vie sociale. En sociologie urbaine, un courant fondateur s’est développé dès la naissance de la discipline sous le paradigme de l’écologie humaine, s’intéressant plus spécifiquement à la dimension sociale des environnements urbains, aux interactions entre différents milieux ou groupes sociaux qui y cohabitent.
Cette séance présentera une recherche interdisciplinaire développée au sein du metrolab et s’inspirant de cette approche écologique. Sur base d’ateliers de cartographie collective, cette recherche s’est consacrée à l’analyse de l’environnement social d’un projet urbain - le projet de reconversion de l’abbaye de Forest en pôle culturel. L'objectif était de rendre compte des modalités sociales et spatiales du vivre ensemble dans les espaces publics de cet environnement, des relations de coexistence qui y sont en jeu.
Cette séance reviendra sur cette recherche pour interroger comment l’approche écologique dominante dans l’action publique - focalisée sur les éléments matériels et physiques des environnements naturels - peut prendre en compte et intégrer leur dimension sociale.
22 Avril
Séance #3 : La mobilité.
Suite à des problèmes techniques nous n'avons pas enregistré cette séance
Intervenante : Claire Pelgrims (ULB) Engagements sensibles et affectivité avec l’infrastructure.
Intervenante : Nadia Casabella (1010 et ULB) Mobile autrement. Changements de pratiques de mobilité.
Les enseignements de l’écologie politique invitent les études de mobilité à reconsidérer les infrastructures dans une perspective de transition durable.
D’un côté, réinvestissant la question des infrastructures mobilité en s’éloignant de la dialectique im|mobilité, certaines approches récentes se basent sur la théorie des ambiances pour mieux prendre en compte les relations sensibles et affectives que les acteurs entretiennent avec celles-ci. Ces approches documentent la qualité ambiante (temporalité, rythme, matérialité...), les dé|plaisirs et les résonances affectives entre infrastructures, environnement, véhicules et corps en jeu dans les processus continus de transformation des pratiques, équipements et infrastructures de mobilité. La première présentation de cette séance introduira une nouvelle recherche portée par le laboratoire Sasha (ULB) sur le genre et l’esthétique du vélo. Se détachant d’une perspective rationaliste de l’éthique, cette recherche fait l’hypothèse que la disposition des gens à développer une “sensibilité ambiante”, à “résonner” avec les matérialités quotidiennes et le paysage, peut être déployée à travers l’assouplissement des normes de genre pour stabiliser la mobilité vélo comme alternative durable à l’automobilité.
De l’autre, certaines approches nuancent l’importance donnée aux infrastructures de mobilité dans la transition mobilitaire et se concentrent sur les changements de comportements et leur rationalité. La seconde présentation reviendra sur la recherche appliquée “Mobile autrement” menée par 1010 architecture urbanisme à Merelbeke, une municipalité située dans la région métropolitaine de transport de Gand, dont l'organisation spatiale peut être considérée comme représentative de «l'héritage notoirement anti-urbain de l'étalement urbain qui a façonné la région flamande» (Dehaene, 2019). Il s’agit d’un projet-démonstration dans le cadre du Plan Stratégique Spatial de la Province de Flandre Orientale. La présentation montre qu'il n'y a pas de forme urbaine mieux adaptée pour stimuler une évolution des transports vers des formes plus durables (y compris l'immobilité), mais surtout des aménagements partiels qui semblent suffisamment pratiques pour être largement adoptés. Et elle conclut que la transition que ces arrangements partiels permettent ne dépend pas seulement des initiatives gouvernementales, mais aussi de l'effet combiné d'une multitude de pratiques individuelles et collectives.
29 Avril
Séance #4 : Water / Eau. [En/Fr]
Intervenant: Andrea Aragone (IUAV, ULB, Latitude) Révéler les relations souterraines avec l'eau
Intervenant: Giuseppe Faldi (ULB) Typologies of Institutionalised Co-production of Water and Sanitation Services
Worldwide, urban areas, like Brussels, are being challenged to carry out a long-term in-depth transformation of their water infrastructure to solve water problems, to adapt to climate change, to design a more liveable urban environment, and to include the aspiration of its residents related to water. This transformation is often referred to in the literature as a transition of urban areas towards a Water Sensitive City linking social, technical and spatial perspectives. In the literature, there is a general agreement that this transition is both necessary and urgent, but how it should be carried out is still up for debate intersecting different fields of knowledge.
The seminar links political ecology with nature-based solutions, co-production and sustainability transition literature to understand how changes in urban water infrastructure can occur. More particularly, we look at how citizen involvement lies at the centre of all these approaches as critical to trigger and enhance change. Throughout the seminar, we will explore the challenges of citizen involvement in the action research project CAVES, part of the research Brusseau (Brussels sensitive to water). CAVES is a collaborative exploration that tries to reveal the often invisible and inevitable relationships that over the time the inhabitants of the Saint Antoine district (Forest), in the south of Brussels, have built with the subsoil and its waters. By means of maps, participatory workshops and photo reportage, CAVES describes the existing socio-technical arrangements and the entanglements between the different actors involved. Through the set-up of hydrological communities composed by citizens and users (experts of their own environment), the local knowledge is associated with that of technicians and scientists by allowing everyone to act. Nevertheless, the impact of hydrological communities on public actions (planning or policy) is uncertain.
During the seminar, the CAVES/Brusseau’s approach is discussed in relation to different cultural and political contexts in the Global South. Another perspective of understanding the complexity and the interactions between users, resources and practices are introduced to questioning the communities’ involvement and the governments’ effectiveness in the development of water infrastructures in different urban cases.
6 mai
Séance #5 : La terre.
Intervenante: Roselyne de Lestrange (Metrolab Brussels, UCLouvain et ULB) Les conditions de sol au cœur du projet de territoire : le projet radical d’Agropolis.
Intervenant: Antoine Gérard (Terre-en-vue) Tisser des liens avec la terre au travers de l’agroécologie : l’exemple des initiatives à Neerpede.
Après avoir abordé la question du déchet, de l’espace public, et de la mobilité, le cycle de webinaires "Une écologie des éléments urbains", interrogera notre rapport à la terre. Cette séance se centrera sur les initiatives d'agroécologie contemporaines qui invitent à repenser les liens que les humains tissent avec la terre. Comment ces expériences peuvent-elles informer l’action publique et guider une politique de transition écologique forte dans et par l’alimentation? La première intervention explorera les implications de la transition agroécologique pour l’urbanisme et le projet territorial. La seconde reviendra sur les expériences citoyennes d’agroécologie développées sur les territoires de Neerpede.
20 mai
Séance #6 : L’urbanisation du 20e siècle dans et autour de Bruxelles
Intervenants: Géry Leloutre (ULB), Chiara Cavalieri (UCLouvain), Michiel Dehaene (UGent): LaboXXI: Atlas de l’urbanisation bruxelloise du XXe siècle.
L’environnement de Bruxelles qui a été bâti au vingtième siècle, à la fois dans et autour de la Région, ne correspond pas une zone clairement délimitée. L’atlas présenté dans cette séance vise à décrire comment sont structurés ces éléments, mais aussi quels sont les changements auxquels ils sont soumis. Outre qu’elle n’est pas précisément définie, la périphérie bruxelloise du vingtième siècle est aussi très hétérogène. L’atlas est une recherche de “clés” qui nous permettent de lire la spécificité de cette zone en mutation, d’en comprendre les éléments et d’interpréter leur transformation. L’atlas vise ainsi à contribuer à la discussion sur le développement souhaitable de l’urbanisation du 20e siècle dans et autour de Bruxelles et à rechercher un lien avec la structure et la dynamique des éléments existants.