Cycle of Lectures "Ville critique | Critique urbaine"

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urban-inclusion

Agenda

Mise en ordre dans la ville: une analyse foucaldienne des politiques urbaines en faveur de la mobilité durable. 1ère séance (14/10/2016)

par Hélène REIGNER, Aix-Marseille Université, Institut d’urbanisme et d’aménagement régional, LIEU (EA 889). Résumé: Cette communication propose de mobiliser des cadres d’analyse foucaldiens pour renseigner la néolibéralisation des politiques urbaines, non pas tant sous l’angle de l’économie politique, mais comme gouvernement des conduites individuelles. Cette ambition théorique s’appuie sur l’analyse empirique des politiques contemporaines en faveur de la mobilité sûre et durable en France. Caractérisée par la mise en avant de la responsabilité individuelle des usagers et leur capacité à adopter des comportements économiquement rationnels d’une part, et par de puissantes injonctions morales à ce qu’ils adoptent de « bons » comportements sûrs, sains et durables d’autre part, une rationalité néolibérale et néohygiéniste irrigue ces politiques publiques. Légitimées par de « nobles causes » et dépolitisées, ces politiques organisent de puissantes mises en ordre des circulations dans la ville dont les enjeux sociaux sont éludés. Le recours à la morale agit comme un puissant anesthésiant démocratique qui vient dissoudre les prises de la contestation.

Centralité populaire. Le travail dans une ville désindustrialisée du nord de la France. 2ème séance (4/11/2016)

par Cécile Vignal et José Angel Calderon (Collectif Rosa Bonheur | Université de Lille 1, Clersé) Résumé: Comment vivre et subvenir à ses besoins quand le travail salarié ouvrier s'est retiré depuis longtemps ? C'est l'objet de cette présentation, issue d’une enquête ethnographique collective portant sur l’organisation de la vie quotidienne des classes populaires à Roubaix, ville désindustrialisée qui connaît depuis plusieurs décennies un déclin démographique et urbain et un reflux des anciennes dynamiques de valorisation du capital. Les habitants des quartiers pauvres y produisent des activités telles que la mécanique automobile, qui concerne principalement les hommes. Source de revenus, de qualification et de travail pour différentes générations, la réparation automobile se déploie dans la rue, sur des parkings, dans des garages « à ciel ouvert », plus ou moins clandestins, révélant la porosité de la frontière entre l’informalité et la formalité du travail. Cette activité se réalise au prix d’une plus grande emprise de la division sexuelle et raciale du travail comme régulatrice de la distribution des postes de travail et des statuts. Elle s’inscrit, plus largement, dans un système de travail de subsistance que doivent quotidiennement réaliser les hommes et les femmes des classes populaires aux marges du marché du travail formel. L’inscription territoriale de ces pratiques permet de qualifier Roubaix de centralité populaire alors qu’elle est habituellement perçue comme une ville périphérique et reléguée.

Les dimensions résidentielles de la centralité populaire de Roubaix. 3ème séance (02/12/2016)

par Cécile VIGNAL et Yoan MIOT (Collectif Rosa Bonheur) Résumé: A partir de différents travaux de recherche conduits à Roubaix - un projet collectif de recherche ethnographique, intitulé "Pratiques et Organisations Quotidiennes Etudiées en Milieux Populaires" (Collectif Rosa Bonheur), un travail de recherche doctorale sur les politiques de l’habitat de villes de tradition industrielle et une recherche sur le travail du domicile - nous tenterons de décrire les dimensions résidentielles de la centralité populaire et sa mise en dispute par les pouvoirs publics. En effet, le territoire de Roubaix est souvent caractérisé comme celui d’une ville périphérique et reléguée. Cependant, l’analyse révèle l’existence de pratiques sociales et économiques importantes, notamment autour du logement. Ce dernier forme en premier lieu un espace socialement et financièrement accessible pour les catégories populaires, même si cela s’effectue parfois aux marges des marchés formels et présente d’importants problèmes pour les populations s’y logeant (discriminations, inscription dans un parc insalubre). La présence de ce parc socialement accessible fait jouer au territoire roubaisien un rôle d’accueil pour les populations modestes à l’échelle de l’agglomération mais aussi un lieu à partir duquel des parcours résidentiels ascendants pour les catégories populaires se dessinent. Le logement est aussi un espace de travail : via un travail du logement via des pratiques d’autoréhabilitation où s’organisent des échanges formels et informels et un travail dans le logement, notamment pour les femmes. En tant que lieu d’ancrage de familles populaires, il favorise, sans former une condition nécessaire, l’interconnaissance, le développement de liens de solidarité et le développement de ressources territoriales spécifiques, notamment dans le domaine commercial. L’ensemble de ces pratiques et de ces fonctionnements situé spatialement nous semble constitutif de ce que nous décrivons comme une centralité populaire.

Ce fonctionnement n’est pas exempt de luttes, notamment de la part des pouvoirs publics qui tentent de réduire la portée, voire d’évincer cette fonction résidentielle de la centralité populaire via des politiques de renouvellement de l’habitat, fragiles et fluctuantes.

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