Les nouveaux espaces publics et leurs indésirables
En réponse à différents troubles et situations problématiques constatés à Bruxelles en 2021, ce cycle de soirées de conférences-débats prend pour objet la rencontre, l’interaction et la communication dans divers types d’espaces publics avec des individus ou groupes perçus comme « indésirables ».
En se focalisant abstraitement sur les valeurs d’accessibilité, d’inclusion ou de dialogue associées à l’espace public, les discours sur le vivre-ensemble, la mixité et le droit à la ville ignorent la négativité inhérente à la confrontation concrète avec certains « autres » en milieu urbain, et laissent de côté des affects et des émotions tabous, tels que le sentiment d’envahissement ou d’intrusion, d’irritation ou d’exaspération, et d’autres formes d’aversion pour autrui. Que ce soit du point de vue de celles et ceux qui vivent et subissent la qualification d’indésirable, ou du point de vue du sujet qui se trouve éprouvé par la présence de l’autre, les intervenants et participants à ces rencontres invitent à décrire attentivement et analyser finement différents types de situations désagréables, leurs circonstances, leur déroulement, leurs effets, les réactions qu’elles ont provoquées et les solutions qui leur ont été trouvées. C’est en effet avec une préoccupation pour la recherche de solutions pratiques à ces difficultés relationnelles particulièrement délicates que ce cycle a été pensé. En conséquence, il cherchera à accorder la parole aux parties prenantes de ces interactions pénibles, autant qu’aux sociologues, anthropologues, psychologues qui leur accordent une place importante dans leurs recherches.
Tout en s’appuyant sur les acquis du dossier « Les espaces publics et leurs indésirables » édité par Mathieu Berger et Sarah Van Hollebeke et récemment paru dans la revue Politiques Sociales (2021), ces rencontres mettront en lumière, de manière spécifique, les nouveaux espaces publics de la métropole contemporaine, les nouvelles formes d’interaction (et donc aussi d’altérité, de tension ou d’exclusion) urbaine qu’ils provoquent, et les nouveaux défis qui les accompagnent en matière de droit à la ville. On s’intéressera notamment, sous cet angle du malaise interactionnel et des épreuves d’altérité, aux tiers-lieux et aux occupations temporaires ; aux cafés cosys, bars branchés, guinguettes et food halls ; mais aussi à ces mega public spaces si importants lors de la pandémie (Bois de la Cambre, Piétonnier) ; ou à d’autres espaces de la « ville (post)COVID », dans lesquels de nouveaux stigmates (celui de « non-vacciné ») et des médiations digitales (CST) interviennent ; enfin, l’espace public numérique de l’e-democracy et de la participation citoyenne en ligne, qui a elle aussi ses personae non gratae, ses « malvenus ».
Séance #2. Occupations temporaires et espaces collectifs à l’épreuve de la misère | 24 mars 2022
Cette seconde rencontre de notre cycle prend place dans le cadre de J’OCCUPE !, exposition collective au Tri Postal à partir de 18h00. L’occasion pour différents praticiens et chercheurs actifs à Bruxelles, Paris ou Marseille, d’échanger sur la question des occupations temporaires à finalité sociale, et des épreuves associées à cet objectif d’inclusion.
Ces dernières années, un nombre croissant d’occupations temporaires cherchent en effet à s’ouvrir aux publics les plus fragilisés, marginalisés, souvent perçus comme « indésirables » dans les autres lieux de la ville. De quelle manière les acteurs de l’animation et de la gestion de sites d’occupation temporaire composent-ils avec les visiteurs les plus démunis ou marginalisés, avec les états, attitudes et comportements qui sont les leurs ? Comment tiennent-ils compte des processus d’exclusion et d’inhospitalité qui peuvent accompagner certaines de leurs activités culturelles, marchandes ou festives ? Quelles compétences déploient-ils pour recevoir les utilisateurs les plus précaires et interagir avec eux, dans des conditions où ils doivent par ailleurs « faire tourner » un espace destiné à un public plus large et diversifié ? Quelles articulations trouvent-ils entre inclusion des personnes et gestion des lieux ?
Les intervenants de la soirée partageront avec nous les difficultés qu’ils rencontrent pour mener leurs actions, et les solutions pratiques qu’ils mettent en œuvre pour y répondre.
Infos pratiques
Heure: 18h à 20h
Adresse: Le Tri Postal, avenue Fonsny 48, 1060 Saint-Gilles
Métro, bus, tram : Gare du Midi
Le lieu est accessible aux PMR
Capacité : 140 places assises / Entrée gratuite
Bar ouvert (paiement cash uniquement)
Séances précédentes
Séance #1. Introduction générale et conférence de Robin Wagner-Pacifici (The New School, NYC) L’espace public selon Starbucks | 24 février 2022
La séance introductive sera consacrée à une introduction générale du cycle de rencontres en compagnie des contributeurs au dossier « Les espaces publics et leurs indésirables » (Politiques Sociales, 2021). Cette présentation du dossier thématique sera suivie d’une conférence en anglais de Robin Wagner-Pacifici (The New School, NYC), « L’espace public selon Starbucks : clients et usagers malvenus dans le tiers-lieu capitaliste », dans laquelle la sociologue américaine revient sur une controverse (qui prendra une ampleur nationale) autour de l’expulsion de deux visiteurs afro-américains d’un Starbucks de Philadelphie.