Dessiner la transition - saison 3
L'équipe LOCI du Metrolab.Brussels conjointement avec La Fondation Braillard Architectes et le laboratoire LaSUR-EPFL,organisent pour la troisième année consécutive un séminaire scientifique international, ayant comme sujet général la transition socio-écologique des villes par le projet architectural, urbain et paysager. Les deux premières saisons avaient exploré la question du dessin de la transition à partir d’entrées thématiques : l’alimentation, la mobilité, le travail, la gouvernance, le recyclage ou encore les occupations transitoires. Cette troisième saison, sous le titre Économies et formes de la transition, interrogera différentes dynamiques de transition socio-écologique dans leur dimension économique et à partir des impacts que celles-ci produisent concrètement sur l’espace.
Toutes les séances sont mises en place en temps réel entre Bruxelles et Genève et disponibles par streaming vidéo sur notre chaîne Youtube Metrolab Brussels
Pour participer:
- Bruxelles: LOCI-Bruxelles 47-51 rue Henri Wafelarts, 1060Bruxelles. Entrée libre sur inscription (places limitées) : info@metrolab.brussels
- Genève: OMPI 34 chemin des Colombettes, Genève. Entrée libre sur inscription (places limitées) : secretariat@braillard.ch
2ème séance:
Le sol et ses valeurs
Jeudi 27 février 2020 de 16:00 à 18:00 à la Faculté LOCI - UCLouvain
(47-51 Rue Henri Wafelaerts - 1060 Bruxelles, la salle sera indiquée à l'entrée)
Keynote speaker
La ville décarbonée: retour sur terre, retour à la terre
Guillaume FABUREL, Professeur, Université Lumière Lyon 2, UMR Triangle
Le régime métropolitain de l’urbain se caractériserait par une dématérialisation grandissante des économies. Toutefois, c’est à remarquer, il se singularise également, dans le même temps, par une artificialisation grandissante des espaces de vie et un extractivisme croissant dans les périphéries. Tout ceci au profit de la croissance des polarités métropolitaines par surcroît de densités visées, dans le cadre d’une compétition urbaine globalisée. Voici quelques traits marqués de l’écologie du capitalocène, à son stade néolibéral. Cependant, entre le rebond productiviste des grands aménagements métropolitains, mais également (autre face du même visage), le développement fréquemment sans fin de l’étalement urbain et (en réaction parfois) le regain d’intérêt pour le peuplement des bourgs, villages et hameaux, nous assistons à une reconsidération assez fondamentale de nos liens simultanément à la Terre et à la terre, sous l’égide de l’occupation des sols. Ceci n’est pas sans interroger leur usage et les valeurs sociales qui lui sont associées. Longtemps support fonctionnel de construction, d’alimentation ou encore de communication (avec pour héritage la rationalité instrumentale de la folie bâtisseuse), les sols recouvrent aujourd’hui d’autres utilités, jusqu’à s’affirmer de plus en plus le creuset symbolique et pratique de formes reconsidérées de co-habitation avec le vivant. Voilà qui pourrait figurer les étapes de la fameuse transition écologique vers la décarbonisation des villes, sous l’égide de la rareté écologique, de la frugalité économique ou encore de la sobriété des modes de vie. Toutefois, entre écologie existentielle, sociale et politique, n’y a-t-il pas, d’abord, à déconstruire quelques imaginaires et croyances de l’illimité et de sa démesure, quelques comportements sociaux et pratiques professionnelles de l’abondance et de l’opulence, pour reconsidérer par l’autonomie (de la gestion foncière et des régimes de propriétés, par exemple) d’autres cultures sociales de la terre et ainsi notre propre habiter de la Terre.
Cas bruxellois
Vlaamse Rand: from grey to green in the periurban fringe around Brussels
Luc Van der ELST, program coordinator and project manager, VLAAMSE LANDMAATSCHAPPIJ
Cas genevois
Du bon usage du sol : politique foncière et zones de développement dans le Canton de Genève
Vinh DAO, architecte, Directeur de la planification et des opérations foncières (Département du Territoire, Canton de Genève)
Calendrier des séances en 2020:
- 1ère session 23 janvier Deux degrés: Les societés face au changement climatique conférence inaugurale avec Edwin Zaccai, ULB
- 2ème session 27 février Le sol et ses valeurs avec Guillaume Faburel, Institut d'urbanisme de Lyon
- 3ème session 26 mars La production spatiale des systèmes économiques locaux avec Fabienne Leloup, Professeure ordinaire, UCLouvain
- 4ème session 23 avril L'économie spatiale du travail avec Dominique Meda, Professeure, Directrice de l'IRISSO – UMR CNRS 7170 Université de Paris Dauphine
- 5ème session 28 mai Responsabilité territoriale et entreprise avec Marthe Nyssens, Professeure ordinaire, UCLouvain, Prorectrice UCL Transition et Société
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6ème session 18 juin L'imagination dans la transition (conférence en anglais) avec Rob Hopkins, Auteur, Co-fondateur de Transition Towns Totnes et Transition Network
(liste des intervenants non exhaustive)
Les archives du cycle sont disponibles ci-dessous.
Archives 2020
Deux degrés: Les societés face au changement climatique Jeudi 23 janvier 2020 de 16:00 à 18:00 à la Faculté LOCI - UCLouvain
Contenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C est l’objectif solennellement acté par les gouvernements du monde. Cela semble peu mais c’est énorme ; il est d’ailleurs presque sûr que nous ne tiendrons pas cet objectif. La raison de cette incapacité est notre triple dépendance (technique, économique, culturelle) aux énergies fossiles, qui constituent un soubassement aussi diffus que puissant de nos sociétés. L’urbanisme est un levier déterminant de cette situation de dépendance. Tel qu’il se développe actuellement il continue, malgré quelques innovations, d’adopter un schéma de consommation fondé sur les énergies fossiles. La science nous annonce qu’à ce rythme le pire est à craindre. Mais cela n’induit pas une fuite individuelle. Pour sortir de l’ impossibilité actuelle de changer radicalement nos modes de vie et d’organisation, quelles pourraient être des voies réalistes d’adaptation et de réforme permettant de faire face collectivement au défi de diminuer les émissions de carbone liées aux activités humaines et de préparer un futur moins sombre ?
Edwin Zaccai, docteur en sciences de l’environnement, ingénieur civil physicien et licencié en philosophie.
- Professeur ordinaire à l’Université Libre de Bruxelles.
- Directeur du Centre d'Etudes du Développement Durable (CEDD)
Archives 2019
Nouvelles agricultures métropolitaines
Jeudi 20 juin 2019 de 17:00 à 19:00
Le 27 janvier 2019, la revue médicale « The Lancet » publie un rapport sur la « syndémie mondiale d’obésité, de dénutrition et de changement climatique ». Il met en évidence que système alimentaire globalisé, politiques agricoles, modes de transport et urbanisation sont « les différents maillons d’une même chaîne, qui étrangle l’humanité - et la planète » ( AFP 28 janvier 2019 ).
Si l’agriculture industrielle est au cœur de ce régime pernicieux, des pratiques alternatives constituent à l’inverse de véritables niches qui peuvent contribuer à le transformer. Parmi elles, l’agroécologie offre des perspectives qui vont bien au-delà de la production de nourriture. Science et pratique qui prend soin du milieu, elle est aussi un mouvement, un projet de société. Cette approche fonde de nombreuses initiatives aussi bien citoyennes que publiques dans les métropoles où, sur fond d’imaginaire de la ville nourricière, l’agriculture retrouve une présence et une visibilité qu’elle a progressivement perdues au cours des 150 dernières années.
Néanmoins, malgré leur dynamisme et les perspectives de soutenabilité qu’elles offrent, ces nouvelles agricultures sont confrontées à des paradoxes et des blocages socio-techniques qui les fragilisent et ralentissent leur déploiement.
Cette situation soulève de nombreuses questions. Devrait-on considérer les cultures de terre en ville comme un service à la société ? Quelles logiques territoriales cela inviterait-il à repenser ? Quels critères pour arbitrer entre droit au logement et protection de la ressource rare qu’est le sol fertile ? Comment concilier dans l’espace des pratiques depuis si longtemps disjointes ? Comment composer avec un cadre normatif souvent flou ou inadapté ? Aborder par le design ce phénomène qui semble suivre à des logiques plutôt organiques est-il envisageable ?
De fait au quotidien, hybridant choix radicaux et bricolage avec les normes, les paysans urbains inventent de nouvelles géographies qui prennent corps dans le paysage. Il s’agira d’interroger les modalités de leur description, et la pertinence de les penser en termes de projet.
Cliquez ici pour retrouver les vidéos ainsi que le matériel présenté par les différent.e.s intervenant.e.s pendant la séance.
La triste esthétique
Jeudi 28 février 2019 de 17:00 à 19:00
La séance a introduit les divers thèmes abordés cette année suite au premier cycle suivie d'une conférence de Fabio Merlini.
Introduction au cycle: Bernard Declève, professeur UCLouvain, Metrolab Brussels Panos Mantziaras, directeur de la Fondation Braillard Architectes Vincent Kaufmann, directeur du laboratoire LaSUR-EPFL
Conférence: Fabio Merlini, philosophe, président de la Fondation Eranos (Ascona) Que reste-t-il de la grande ère du design du siècle dernier, où l'innovation, l'esthétique et le projet se sont virtuellement alliés pour donner corps au rêve d'une émancipation soucieuse d'améliorer les conditions de vie des individus et de la société dans son ensemble? Pourquoi aujourd'hui, tout comme on parle d'une dismal science, faisant référence à la science économique, il nous est aussi possible de parler d'une esthétique triste? Nous sommes témoins de processus qui ont fait exploser cette alliance vertueuse-là pour plier la forme des choses qui meublent notre monde au simple calcul économique, et où l'innovation semble encore limitée à la seule sphère technologique. Que cache-t-il, d’une part, et que vise-t-il, par exemple, le design raffiné de nos outils de communication actuels ou les étonnantes architectures, si glamour, de nos villes?
Fabio Merlini est directeur de l'Institut universitaire fédéral pour la formation professionnelle de la Suisse italienne (IUFFP-Lugano) et président de la Fondation Eranos (Ascona). Il a publié, entre autre: "L'époque de la performance insignifiante. Réflexions sur la vie désorientée" (Paris 2011); "Schizotopies. Essai sur l'espace de la mobilisation" (Paris 2013); "L’architecture inefficiente" (avec L. Snozzi, Marseille 2016); "La triste esthétique. Essai sur les catastrophes de l’immédiateté" (Paris 2018).
Les tiers-lieux de l'économie sociale
Jeudi 28 mars 2019 de 17:00 à 19:00
La séance a été modérée par Luca Pattaroni, Docteur en sociologie, chargé de cours, chercheur (EPFL).
Cas d’étude 1 :Singularités des tiers-mieux de l'économie sociale à Bruxelles: Recyclart, Zinneke, La Vallée.
- Marine Declève, Historienne de l’art et urbaniste, Metrolab Brussels, PhD student EPFL.
- Chloé Salembier, Anthropologue, professeure, UCLouvain.
Cas d’étude 2 : L’ expérience des "ressources urbaines".
- Matthias Solenthaler, Politologue, co-fondateur de la coopérative Ressources Urbaines.
A Bruxelles, à Genève et ailleurs, on voit se multiplier une nouvelle génération d’espaces partagés ( co-workings, fablabs, ateliers collaboratifs etc. ). Repris sous l’appellation « tiers-lieux », ces espaces sont des espaces collectifs intermédiaires, ni tout à fait publics, ni tout à fait privés, qui favorisent l’individuation et caractérisent des temporalités et des sociabilités spécifiques. En tant que ressource spatiale et de biodiversité, le tiers-lieux réunit un certain nombre de conditions d’informalité, d’ouverture, de flexibilité, de viabilité, de convivialité et d’accessibilité qui en font à la fois une pièce ( patch ) identifiable dans l’écosystème urbain et un hub pouvant contribuer à la structuration de réseaux et à la production de nouvelles proximités à différentes échelles socio- spatiales.
En tant que ressource socio-politique, le tierslieux apparaît comme une figure capable d’associer trois dimensions contrastées de la ville productive : celle de la nouvelle économie, centrée sur la valorisation des nouvelles technologies, la création et la production de biens et services immatériels ; celle de l’artisanat, centrée sur la création et la manufacture de biens matériels ; et celle de l’économie sociale, entendue comme une économie dont le système de valeurs se fonde sur la qualité et le renforcement du lien social. L’expression tiers-lieux renvoie en effet à l’idée de tiers-secteur et à une économie politique structurée autour des notions de bien commun, d’open source, de solidarité, de coopération et de mutualisation. Dans sa capacité à fédérer un public autour d’une programmation socio-culturelle, il est aussi une figure génératrice de nouvelles formes de relation entre habitat et travail au sein de la walkable city.
Quelles sont les figures du tiers-lieux observables à Bruxelles et Genève ? En quoi les tiers-lieux fontils écosystème ? Et comment s’intègrent-ils dans les (éco)systèmes existants ? Dans quelle mesure les projets d’économie sociale contribuent-il ou non à la transition du système économique vers sa version écosystèmique ? Quelles méthodes mobiliser pour représenter cette transition ?
Cliquez ici pour retrouver la vidéo de la séance ainsi que le matériel présenté par les différent.e.s intervenant.e.s.
Occupations transitoires
Jeudi 25 avril 2019 de 17:00 à 19:00
La séance a été modérée par Chloé Salembier, Docteure en Anthropologie, professeure, UCLouvain.
Cas d’étude 3 :Les entre-deux du projet urbain à Bruxelles. Studio Citygate et Pop-up Canal.
- Anna Ternon, architecte-urbaniste, PhD student Metrolab Brussels, UCLouvain & Brussels Ecosystems' team.
Cas d’étude 4 : Le festival Antigel à Genève.
- Thuy-San Dinh, co-directrice et coordinatrice générale du festival Antigel
- Eric Linder, co-directeur et directeur artistique du festival Antigel
Les sites urbains en mutation font dans plusieurs villes l’objet d’un nouveau corpus de pratiques réunies sous le vocable d’ « urbanisme transitoire» . Ceci englobe toutes les initiatives qui visent, sur des terrains ou bâtiments non occupés, à réactiver la vie locale de façon provisoire lorsque l’usage du site n’est pas encore décidé ou le temps qu’un projet se réalise. L’urbanisme transitoire investit aussi bien des immeubles vides, des sites bâtis à l’échelle d’un projet urbain ou des terrains vagues, dans des stratégies multi sites ou bien au coup par coup.
L’ouverture des possibles sur ces sites suscite innovation, créativité et mixité des usages, ferment d’une ville ouverte, coconstruite et répondant aux besoins de ses habitants actifs ( habitants, travailleurs, étudiants, etc. ). L’urbanisme transitoire réussit souvent, dans un temps court, à créer une valeur sociale que les projets urbains traditionnels ne réussissent à susciter que sur le long terme. Ces initiatives de terrain viennent donc questionner les modalités de la fabrique urbaine.
L’urbanisme transitoire ne vise pas seulement l’occupation temporaire d’un espace, contrairement à l’urbanisme temporaire. La notion d’urbanisme transitoire veut assumer les deux dimensions du terme transition : d’une part celle du passage de l’AVANT à l’APRES qui pose la question de la capacité des usages transitoires à accompagner et à influencer la mutation d’un site en projet et à réaliser une connexion qualitative entre les usages passés, actuels mais aussi à venir du lieu ; et d’autre part celle de la transition écologique qui pose la question de la capacité de ces usages transitoires de porter le récit de la transition ( énergétique, écologique, économique, sociale et politique ). Dans le débat sur la densité, l’urbanisme transitoire constitue une des meilleures armes permettant à la société civile de lutter en faveur d’une densification qualitative de la ville, structurée et régulée par l’espace public.
Il s’agira aussi de mettre le doigt sur le risque d’une « événementialisation » des politiques urbaines au détriment d’un travail systématique sur les injustices spatiales, laquelle pourrait alors reléguer le transitoire en temporaire, sans doute moins moteur d’une véritable transition.
Cliquez ici pour retrouver la vidéo de la séance ainsi que le matériel présenté par les différent.e.s intervenant.e.s.
L'économie circulaire
Jeudi 23 mai 2019 de 17:00 à 19:00
La séance a été modérée par Stéphane Thomas, directeur de programme économie circulaire chez Veolia Innove.
Cas d’étude 5 :L'écologie industrielle comme axe de l'économie circulaire.
- Benoît Charrière, directeur général adjoint Sofies International, Genève.
Cas d’étude 6 :Hot spots de l'économie circulaire.
- Andrea Bortolotti, architecte, PhD student Metrolab Brussels, ULB.
- Geoffrey Grulois, architecte, professeur ULB, Metrolab Brussels.
La séance sera modérée par Stéphane Thomas, directeur de programme économie circulaire chez Veolia Innove.
L’économie circulaire est l’un des piliers des politiques urbaines européennes contemporaines. À Bruxelles, par exemple, le Plan Régional en Économie Circulaire ambitionne de remplacer le modèle économique linéaire actuel par un système économique circulaire à la fois compétitif sur les marchés pour nos entreprises et générateur d’emplois locaux.
Quels sont les avancées et les obstacles rencontrés par la mise en application de cette politique publique ? Quels réarrangements des écosystèmes matériels, sociaux et politiques implique-t-elle ?
Il s’agira de questionner non seulement le métabolisme de ces circulations mais aussi leurs échelles pertinentes qui dessinent au final les territoires de la transition.
Cliquez ici pour retrouver la vidéo de la séance ainsi que le matériel présenté par les différent.e.s intervenant.e.s.
Archives 2018
Pour retrouver les abstracts du premier cycle, cliquez ici
Retrouvez également les vidéos du premier cycle de "Dessiner la Transition" via ces liens:
Vous pouvez écouter l'enregistrement audio de la 1ère séance sur le site de la Fondation Braillard Architectes.